Alice du fromage

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Billets qui ont 'Volterra' comme ville.

lundi 6 octobre 2025

Volterra

Piscine, bagages (heureusement que j'avais prévu une valise vide), départ pour Volterra.

Tandis que je cherche un podcast à écouter, je découvre que le gouvernement a démissionné. C'est court.

Sienne Volterra en passant par les crêtes. On nous a changé les Italiens, ils respectent les limites de vitesse et celles-ci sont ridiculement basses sur des kilomètres: que se passe-t-il, que s'est-il passé? Parfois une voiture craque et double en plein virage; nous en soupirons de satisfaction.
Volterra. Nous y venons pour la truffe: H. veut repasser dans le magasin découvert en 2017. Perso je me souvenais surtout des chiens: désormais il y en a douze, nous dit, en français, la jeune femme derrière le comptoir.
— Chasseur de truffes, ça te dirait, à la retraite?
— Non (réflexe de commencer par dire non à mes idées avant de les étudier)... Euh, ça se discute, faut voir.
Et de m'imaginer dans la forêt toscane en train de chercher des champignons. Ça change des Samoa. Pas assez de vies pour toutes ces vies.

Nous choisissons la taille des bouteilles et flacons d'huiles, de miels, de sels, en fonction des contraintes de l'avion (inconvénient de ne pas mettre de bagage en soute). Chaque contenant est enveloppé dans du papier kraft:
— Ça va être long de désemballer tout ça pour les contrôles de sécurité.
— Mais non, je vais jouer sur la fierté italienne.

Durant le déjeuner, coup de fil de Fontainebleau pour me demander si en cas de besoin j'accepterais d'être candidate aux législatives. Heureusement que nous avons écouté les infos ce matin, je sais vaguement de quoi on parle. Oui, bien sûr, en voilà une expérience intéressante — sachant que le député sortant est un conservateur qui fait barrage au RN et que nous avons tous intérêt à ce qu'il reste en place — mais ça fait plaisir qu'on me le propose.

Un paire de bottines, une veste en mohair vert émeraude; départ vers l'ouest, vers la mer. Réserve naturelle, pins magnifiques. La jauge du réservoir ne bouge pas. Nous suivons la côte plutôt que prendre l'autoroute, nous nous perdons dans Libourne. Nous voulions une glace, tant pis, trop peur d'être coincés dans les bouchons.

Pise, rendre la voiture, manger un sandwich, passer les portails de sécurité à l'ouverture à 19h10, se retrouver dans la cohue. Deux avions pour Tirana, un pour Budapest, un pour Cagliari Calgary (au Canada, c'est ce Calgary là?), celui pour Francfort est annulé, il n'y a pas assez de sièges pour s'asseoir. Les portes d'embarquement devaient ouvrir à 20h10, l'ouverture est déplacée à 20h30. Je commence La maison du péril d'Agatha Christie. Je m'endors sur mon livre.
Retour.

lundi 5 juin 2017

Lundi : atteindre la mer

Le ciel est voilé, il y a beaucoup de papillons dans la lavande et un insecte avec une trompe qui ressemble à un colibri (après recherche: un papillon, le moro-sphinx). Les lézards contre les pins sont parfois bicolores, hésitant entre le vert de l’herbe et le brun des écorces. En contrebas du jardin en terrasse se trouvent des poules à qui je lance tous les déchets organiques.

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Le but était d’atteindre de la mer. Cecina semblait la ville la plus proche et un site (température de l'eau partout dans le monde: magique internet) annonçait une température de l'eau acceptable. Nous sommes donc partis avec un maillot de bain et de la crème solaire — et les serviettes du gîte.

Nous avons réglé Waze sur "le plus court" selon une habitude bien établie chaque fois que nous avons l'intention de nous amuser en prenant notre temps et découvrir des lieux oubliés des grands axes1 et nous nous retrouvons sur de véritables routes de montagne à épingles à cheveux. Nous arrivons à Volterra, un beau palazzo à notre droite, et si nous nous arrêtions?

C'est ainsi que nous avons failli ne jamais arriver à la mer.
Remparts, jardin public, ruines étrusques (peu à voir quand on ne sait pas construire des demeures en 3D à partir de quelques pierres), vue spectaculaire sur la campagne et les collines. Billet tout inclus, nous entrons donc dans le musée étrusque Guarnacci, ce qui ne nous serait pas venu à l'idée sans cela. Des urnes et des urnes, des centaines d'urnes funéraires sculptées, les premières rondes, en forme d'amphores, puis des caisses rectangulaires.
Les sculptures me laissent songeuses, quelle époque, quelle influence, certaines paraissent primitives, d'autres très grecques, les Grecs — ou les Phéniciens? — ont colonisé les côtes, à quelle époque, je suis perdue. Tant pis. Il faut se faire une raison, je ne suis pas et ne serai pas une spécialiste de l'art étrusque, il faut renoncer à comprendre, pas assez de temps.
Mosaïques, outils, bijoux.
C'est très impressionnant, par la finesse, par la quantité, par le travail de reconstitution des archéologues.

Déjeuner presque en face du musée dans une cave à vin, découverte des tripes à la Toscane (appelées aussi tripes à la Florentine). Remontées dans la ville, deux spécialités, le sel de terre (mais nous n'en trouverons pas) et les truffes. J'achète du miel, du sel, de la confiture de poires aux truffes («Nos poires», nous apprend avec fierté la jeune vendeuse. Et leurs chiens, en photo sur le mur: des épagneuls noirs.) Dans le magasin, nous succédons à des Français et précédons des Français.

Dans les rues, un ruban rouge est attaché à la plupart des portes. Mes amis FB à qui je pose la question m'apprennent qu'il s'agit d'une œuvre d'art. Je copie le résumé traduit de Robert: «En hiver, un mur datant de la période médiévale s'est écroulé, laissant un trou béant. Le ruban rouge symbolise " la blessure ", la trace de la douleur incise dans le corps de la cité, suite à l'éboulement. Un groupe d'artistes, Archivio Zeta, a réuni d'un ruban rouge de plusieurs km les lieux emblématiques de la ville pour finir par se précipiter dans la "blessure" (ferita )…»

Visite du palais des prieurs, assez vite. Après Sienne tout paraît un peu fade. Nous montons au sommet de la tour sur un malentendu (nous ne savions pas que cet escalier menait là). Nous sommes seuls, nous étions seuls dans le palais, nous sommes heureusement seuls dans les escaliers très étroits («Ne pas toucher le mur»: de peur qu'il ne s'effrite?), il y a beaucoup de vent en haut de la tour dont il me semble avoir lu que c'était la plus haute de Toscane (172 mètres de tour en haut d'une colline de 531 mètres).

Il est tard, nous ne verrons pas la pinacothèque, nous sommes fatigués et nous n'arrivons jamais à la mer à temps.

Cecina plage. Nous rachetons des draps de plage (comme à la Rochelle: la prochaine fois il faudra en emmener un! (et si nous sommes en gîte, du sel, du poivre, un rouleau de sopalin, de l'huile, du vinaigre, un torchon, un paquet de pâtes pour le premier soir)) et des tongs pour H.
Il n'y a pas beaucoup de monde qui se baigne (deux très jolies jeunes filles), H. essaie et revient presque aussitôt: «je comprends pourquoi personne ne se baigne: la plage plonge à pic, les graviers roulent et le courant entraîne au large». Nous allons prendre une glace et rentrons par un autre chemin, un peu moins accidenté dans une campagne baignée par le soleil couchant.

Il y a des flaques d'eau dans les nids de poule en arrivant au gîte: orage il y a quelques minutes. La propriétaire nous dira que c'est la première pluie depuis trois mois.

H. fait quelques brasses dans la piscine.
Est-ce la mer, l'iode, la glace au lait, le soir je suis épuisée.


Note
1 : Lu par dessus l'épaule d'H. : «Après tout, il est permis de rêver que le progrès mécanique s'arrache à lui-même cette rançon où se loge notre espoir: l'obligeant à rendre une menue monnaie de solitude et d'oubli, en échange de l'intimité dont il nous ravit massivement la jouissance.» Tristes Tropiques p.126, 1955.
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